Kaffrine est encore loin du taux de couverture maladie de 75 % fixé par le Président de la République, Macky Sall. Mais les résultats obtenus par la région sont tout de même encourageants. Les chiffres de 2020 le prouvent : exactement 298.711 personnes bénéficient actuellement d’une prise en charge médicale à travers les mutuelles de santé recensées dans les quatre départements de la région. Ce qui correspond à 40,97 % de la population générale.
En réalité, dit le responsable régional de la Couverture maladie universelle (Cmu), ce taux de couverture était de 28,8 % au troisième trimestre 2019. « Nous avons donc gagné 13 points en seulement un an, passant de 28,8 % en 2019 à 40,97 % au troisième trimestre 2020. Des efforts incontestables même s’il y a encore un grand gap à combler », fait savoir Ibrahima Touré, en marge d’une réunion de partage et de sensibilisation à l’initiative de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique), le 23 novembre 2020. « Ce n’était pas gagné d’avance, mais nous avons quand même eu ces bons résultats, signe du remarquable travail fait pour emmener les gens à adhérer aux mutuelles de santé », souligne Ibrahima Touré qui a, en revanche, déploré la léthargie constatée dans la Cmu-élèves, lancée en 2017 mais qui n’a pu enrôler que 20.336 enfants de la région, soit un taux de couverture de 3 %. Chiffre qui interpelle tout le monde : parents d’élèves, enseignants, acteurs mutualistes, agents de santé et membres de la société civile. Justement, pour CCICODEV Afrique, il est possible de renverser cette tendance par la sensibilisation, la communication assortie d’un fort plaidoyer en direction de l’État et des populations bénéficiaires. C’est le sens des « conversations communautaires » tenues au district de Kaffrine en présence de l’équipe de CICODEV Afrique, des acteurs mutualistes, des agents de santé et des Organisations communautaires de base (Ocb).
L’objectif est avoué : enclencher de façon pérenne une approche communautaire de financement de la santé à côté du financement de l’État. « Les pouvoirs publics ne peuvent pas tout faire. Il existe des mécanismes endogènes qu’il faut outiller et renforcer pour un accès des soins de qualité à tous et à moindre coût », explique le responsable politique plaidoyer santé à CICODEV Afrique, Dr Ibrahima Pouye. Il pense qu’il faut rendre visibles les financements endogènes de la santé en les articulant à la Cmu. « C’est la seule manière de lever les barrières de financement et de permettre à tout le monde, notamment aux personnes vulnérables d’accéder à des soins de qualité », soutient Dr Pouye, réitérant son souhait de voir la Cmu, « cette belle idée du chef de l’Etat Macky Sall » protéger par une loi. Pour que personne, dit-il, ne vienne « un jour » remettre en cause sa pertinence et son utilité.
Abdoulaye DIALLO