Le défi consiste à faire de la Couverture maladie universelle (Cmu) une loi pour sa pérennisation afin qu’elle devienne la Cmu de tous les Sénégalais, a dit Amadou Kanouté, directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la Citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique). Il était hier en tournée, à Thiès.
L’Institut panafricain pour la Citoyenneté, les consommateurs et le développement (CiICODEV) veut une bonne couverture pour la CMU. Il plaide une loi pour la pérennisation de cette initiative du chef de l’Etat, Macky Sall, mise en œuvre au lendemain de son élection à la tête de la Magistrature suprême. Laquelle initiative, qui offre la possibilité aux personnes les plus démunies de bénéficier d’une couverture du risque maladie, doit «faire l’objet d’une loi, afin d’en assurer une pérennité transcendant les mandats présidentiels», dit Amadou Kanouté.
Le directeur exécutif de CICODEV Afrique s’exprimait à Thiès, en marge d’une conversation communautaire précédée de visites de terrain dans la région, pour sensibiliser les groupes organisés sur la nécessité d’augmenter le taux d’enrôlement des citoyens dans les mutuelles pour accéder aux soins de santé. M. Kanouté reste convaincu que «si on veut pérenniser la Cmu, il faut que ça soit trans-mandature. Il faut que cela aille au-delà des mandats présidentiels». Il note dans ce chapitre : «La CMU, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est la vision d’une personne, de Macky Sall, qui a fait sa campagne autour de cela, et qui, quand Dieu a fait qu’il a été élu, l’a mise en place. C’est sa CMU. Ce qu’il faut maintenant, c’est faire en sorte que ça devienne la CMU de tous les citoyens sénégalais.» Parce qu’aux yeux du patron de la CICODEV, «il n’y a qu’une seule chose qui peut permettre à une politique publique d’être l’affaire de tout le monde : c’est une loi à l’Assemblée nationale». Et pour lui, le processus d’une telle loi avait été engagé «jusqu’à ce qu’on ait un premier draft de loi». Par la suite, poursuit-il, «puisque l’un des leviers du Plan Sénégal émergent (PSE) c’est la protection sociale, le chef de l’Etat a demandé, au lieu d’une loi sur la CMU et sur les autres volets de la protection sociale, de reprendre cette loi qui était en gestation et qui était presque prête à être présentée à l’Assemblée nationale, de l’élargir pour avoir une loi sur la protection sociale. Donc nous continuons à faire le plaidoyer pour qu’il y ait une loi générale d’orientation sociale, qui puisse inclure la CMU pour la pérenniser. Autrement, il est tout à fait possible, puisque nous sommes en démocratie, qu’un autre chef d’Etat soit élu et qu’il dise : ‘’la CMU, ce n’est pas ma priorité pour des questions purement de politique politicienne’’», a expliqué Amadou Kanouté qui donne l’exemple des Etats-Unis où le Président américain Donald Trump, en arrivant au pouvoir, «a essayé d’enlever l’Obamacare», une loi permettant une généralisation de la couverture maladie, à l’initiative de son prédécesseur Barack Obama. Le patron de la CICODEV de citer aussi le cas du Président brésilien Joao Bolsonaro qui, une fois installé à la tête du Brésil, a lui aussi essayé «d’enlever toutes les lois d’avancée sociales mises en place par Luiz Inácio Lula da Silva».
«Aujourd’hui, le temps est mûr, puisque tout le monde reconnaît que la protection sociale est un pilier fondamental de développement. C’est un investissement, ce n’est plus considéré comme de l’argent perdu. Le moment est venu pour pérenniser la Cmu, la protection sociale, les bourses de sécurité sociale, c’est cette loi que nous voulons», dit le directeur exécutif de CICODEV.