L’ouverture d’un débat populaire autour de la nouvelle loi sur la biosécurité : c’est ce que réclament des organisations de la Société civile. Ces dernières déplorent le vote de cette loi à l’Assemblée nationale, autorisant l’importation des Ogm.
Par Dieynaba KANE – Des organisations qui promeuvent les droits des exploitations agricoles familiales et de leurs systèmes semenciers ont exprimé leur inquiétude par rapport à la façon dont la loi sur la biosécurité a été votée à l’Assemblée nationale. Dans une note d’interpellation, les 30 signataires dont CICODEV , disent être «consternés, inquiets et indignés de la manière dont les députés de l’Assemblée nationale du Sénégal ont adopté, le 3 juin, à l’unanimité, sans débat et en procédure d’urgence, la nouvelle loi sur la biosécurité». Selon eux, «elle vient abroger la loi n°2009-27 du 8 juillet 2009, qui assurait une protection de la diversité biologique, et en particulier son article 18, interdisant d’importer ou de mettre sur le marché des Organismes génétiquement modifiés (Ogm)». Les organisations signataires de cette déclaration attirent ainsi l’attention sur «les risques que représentent les Ogm sur la diversité biologique et la santé humaine et animale, le risque de faire perdre au Sénégal sa place de pays référence de l’agro-écologie». Face à cette situation, elles estiment que «l’Etat du Sénégal devrait surseoir à la promulgation de la loi sur la biosécurité, en attendant qu’un débat populaire, avec l’ensemble des acteurs, ne soit réalisé autour de ce texte juridique, conformément aux exigences de l’article 13 de la Convention sur la biodiversité et de l’article 23 du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques».
Par ailleurs, CICODEV et ses cosignataires regrettent «que le processus d’élaboration de cette nouvelle loi, qui ouvre la porte aux Ogm au Sénégal, n’ait pas fait l’objet d’un vrai processus inclusif et participatif avec les différents segments de la société, en particulier avec les agriculteurs et une diversité de représentants de la Société civile». Le Directeur exécutif de CICODEV demande ainsi au chef de l’Etat, de ne pas apposer sa signature sur cette loi. D’après Amadou Kanouté, avec cette loi qui va autoriser l’importation des Ogm, il sera impossible d’avoir une souveraineté alimentaire et l’agro-écologie, comme souhaité par le président de la République. Le directeur de CICODEV veut que des discussions soient lancées pour parler des impacts des Ogm sur les consommateurs, sur la santé animale et humaine. Attirant l’attention sur le fait que les expériences des Ogm dans d’autres pays ont échoué, M. Kanouté regrette qu’on y fasse recours alors que d’autres alternatives s’offrent à nous. D’ailleurs, dans le document, les organisations font savoir qu’au niveau international, «de nombreuses recherches et expérimentations ont fini de renseigner sur les risques sanitaires, économiques et environnementaux que représentent les Ogm». A titre d’exemple, elles ont donné «le coton Bt au Burkina Faso, qui a fait perdre aux paysans cotonculteurs et à ce pays, respectivement, leur principale source de revenus et d’importantes devises d’exportation».
De plus, soulignent-elles, «ces dernières années, les technologies utilisées pour modifier le génome ont montré des incertitudes quant à leurs effets à court et à long terme sur les individus et la biodiversité».
Dans la déclaration, les signataires rappellent que depuis 2015, ils interpellent le ministère de l’Agriculture et l’Agence nationale de biosécurité (Anb) pour que le gouvernement du Sénégal organise un débat national sur la question, en particulier avec les agriculteurs et les consommateurs qui sont concernés au premier plan, comme l’a suggéré l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal lors de la séance académique solennelle du 28 février 2017.
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Source :Le quotidien du 8 juillet 2022