Rendez vous manqué à Diokoul.
En 2005, le conseil rural de Diokoul (Kébémer) a attribué plus de 2000 hectares de terre à l’ancien Président Abdoulaye Wade pour la mise en place d’une ferme moderne agro-pastorale dénommée « Mame Tolla Wade ». Il faut rappeler que Wade est né à Kébémer…
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Les paysans de la communauté rurale ont vécu cette appropriation comme une spoliation de leurs terres, leur principale source de revenu. Ils ont formé le Collectif des paysans sans terre de Diokoul et entrepris une résistance face à ce qu’ils considèrent comme une terrible injustice. Afin de récupérer leurs champs, ils n’ont pas hésité à couper les fils de fer barbelés qui clôturaient la ferme. Suite à cette action de révolte 12 paysans ont été arrêtés et placés en détention. L’ONG CICODEV s’est impliquée dans la défense de ces 12 paysans et produit un rapport intitulé Accaparement des terres en Afrique de l’ouest. Exporter ou nourrir les populations. Impact sur les consommateurs ruraux.
Six années durant, les paysans ne pouvaient accéder à leurs terres qu’ils estimaient injustement affectées par le conseil rural. Grâce à la détermination des paysans et au soutien de CICODEV, les terres litigieuses ont été rétrocédées aux paysans. Mais ce n’est là qu’une victoire partielle. Désormais, les populations se battent pour la formalisation de la rétrocession de leurs terres en exigeant de la municipalité des titres d’affectation pour sécuriser définitivement leurs terres. Lors de la visite à Diokoul des participants au Forum les délégués des populations ont réaffirmé leur attachement à la terre. « La terre c’est toute notre vie. Voilà pourquoi nous sommes prêts à mourir pour la défendre », explique un chef de village.
Malheureusement, on peut regretter le déroulement de cette visite. Venus des quatre coins du monde, les hôtes du jour n’ont pas pu effectuer une visite de terrain à proprement parler. Une grande partie du temps a été consacrée à une cérémonie d’accueil interminable où l’essentiel n’a pas été abordé. En fait, les délégués qui ont pris la parole se sont principalement limités à témoigner leur gratitude au Directeur exécutif de CICODEV, M. Amadou Kanouté. Certes, il a beaucoup de mérite mais d’autres points importants auraient pu être abordés. Car si les terres spoliées ont été rendues, rien n’indique qu’elles sont durablement sécurisées. Il aurait été judicieux de donner la parole aux participants venus de pays qui ont une grande expérience dans la lutte contre les spoliations et l’accaparement des terres. Car le Forum Foncier Mondial est avant tout une occasion d’échange entre des personnes venus de différentes contrées du monde mais ayant en commun le souci de préserver l’une des plus précieuses des ressources : la terre.
Source: Flammes d’Afrique