PROMESSE DE L’ETAT DE NE PAS BRADER LA TERRE: LA SOCIÉTÉ CIVILE APPROUVE MAIS RESTE VIGILANTE.
La société civile sénégalaise a bien applaudi le discours du ministre sénégalais de l’agriculture, Dr Papa Abdoulaye Seck, qui a promis que l’Etat du Sénégal ne va jamais favoriser un bradage de la terre qui n’est pas, selon lui, une marchandise…
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Selon le président de la Coordination nationale des organisations paysannes au Mali, Ibrahima Coulibaly, « la situation des petits producteurs ne cesse de se dégrader, les paysans continuent à être dépossédés de leurs terres parce que les Etats disent qu’il faut de grands espaces pour cultiver afin d’assurer la sécurité alimentaire ».
« Les vrais accapareurs de terres sont les hommes politiques et les hommes d’affaires parce que ce sont eux qui sont derrière les investisseurs étrangers », a-t-il soutenu.
« En 2005, le gouvernement malien avait décidé d’écouter les agriculteurs pour les associer dans la définition de la politique agricole qui a été votée en 2006. Mais quelques années après, il a procédé à une cession massive de 700.000 hectares de terres à des investisseurs étrangers et a provoqué le déplacement de milliers de villages », a-t-il expliqué.
« Le paysan a un droit légitime de produire parce qu’il est aussi un investisseur privé. Il faut donc des politiques pour le protéger pour que son investissement soit sécurisé », a-t-il estimé avant de soutenir qu' »il faut discuter de l’agriculture contractuelle avec les investisseurs sans prendre les terres des producteurs ».
De son côté, le directeur général du Forum rural mondial, Auxtin Ortiz, a soutenu que « les plus grands investisseurs dans l’ agriculture au monde sont les agriculteurs des exploitations familiales et les Etats doivent travailler avec eux pour que leurs investissements soient plus importants, efficaces et durables avec moins de risque ».
« Entre 100 à 150 millions de personnes souffrent de faim dans le monde, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’ Alimentation et l’Agriculture (FAO) et l’agriculture familiale a un potentiel qui peut être développée à une grande échelle pour assurer la sécurité alimentaire surtout en Afrique même si le chemin est encore long ».
« Les politiques publiques ne favorisent pas l’agriculture familiale », a-t-il regretté. Pour lui, « les gouvernants doivent promouvoir l’agriculture à petite échelle parce que les exploitations familiales sont très importantes pour un développement agricole ».
Donnant l’exemple de son pays, le coordonnateur national pour la réforme agraire à Madagascar, Jean Ousman Camara, a expliqué que dans son pays « 26% du Produit intérieur brut (Pib) sont générés par l’agriculture à petite échelle ».
« Notre pays se doit de relever plusieurs défis comme la lutte contre la pauvreté, la préservation des ressources naturelles, l’ occupation d’une main-d’oeuvre nombreuse, etc. Et l’agriculture familiale peut permettre de résoudre tous ces problèmes », a-t-il poursuivi.
Il a estimé que « pour un développement inclusif, il faut tenir compte des exploitations familiales dans l’élaboration d’une politique foncière ».
« Nous avons le sentiment que nous ne parlons pas suffisamment du potentiel des exploitations familiales. Il faut qu’elles soient en bonne place dans l’agenda international et que leurs voix soient prises en compte dans l’élaboration des politiques nationales », a pour sa part défendu le vice-président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) Michel Mordasini.
« 80% de la production alimentaire proviennent des exploitations familiales, donc il faut investir dans cette forme d’agriculture. C’est un choix économique qui a un impact sur la lutte contre la pauvreté et le chômage plus que tout autre secteur », a-t-il souligné.
« Il faut également promouvoir la diversification dans les exploitations familiales en faisant de l’aquaculture, du maraîchage, de l’aviculture, etc. afin de multiplier les opportunités d’investissements surtout pour les jeunes agriculteurs », a-t-il conclu.
Source: Agence de presse Xinhua