Réformes foncières, les paysans listent leurs attentes. Les travailleurs et habitants de la terre, en zones rurales, ne voudraient pas être lésés et dépossédés de leurs terres. C’est en cela qu’ils font passer leurs doléances à travers les réseaux de la société civile, spécialisés sur les questions de droits fonciers et agricoles... |
«Les agriculteurs qui sont producteurs, éleveurs, pêcheurs, artisans ont besoin d’aide pour faire face au phénomène d’accaparement de leurs terres qui a comme conséquence l’appauvrissement des populations et la destruction de l’environnement», soutient Marième Sow de l’Ong Enda Cacid. Mme Sow s’est, en outre, félicitée de l’appel à une gestion rationnelle des ressources, lancé par le chef de l’Etat. Une invite qui vise à lutter contre la désertification car, note-t-elle, «l’agriculture peut aussi être facteur de désertification». A en croire Mme Sow, ce combat est à mener avec les paysans qui sont aussi des scientifiques, car ils ont pu développer des résiliences, bien avant que des méthodes modernes ne soient inventées.
Membre de la même organisation, Cheikh Tidiane Guèye rappelle que cette rencontre vise à réfléchir autour de la problématique du foncier. Il ajoute que la réunion est dans un processus entamé bien longtemps en tenant compte de la gouvernance sous régionale des ressources locales. De l’avis de M. Guèye, le capital, la terre et le travail sont essentiels pour pouvoir créer de la richesse. C’est en cela que la prise en compte des paysans sera un bon point, car tout ce que les travailleurs de la terre veulent est que leurs terroirs soient sécurisés. Il s’agit maintenant de réfléchir sur le comment. M. Guèye met également l’accent sur la question de l’investissement en soutenant qu’il est important de développer des mécanismes avant l’arrivée des investisseurs.
Sept points essentiels à soumettre à la Commission Amadou C. Kanouté de l’Ong Cocidev révèle que les paysans exigent sept choses, après sept ans de réflexion. Le besoin d’être édifiés sur la possession des terres, d’être sécurisés, informés sur leurs droits en présence de «l’envahisseur», de revisiter les lois lorsqu’il y a des phénomènes naturels tels que la sécheresse, le tarissement de fleuves…, et enfin de donner plus de forces au pastoralisme. Ces doléances
paysannes seront remises à la Commission chargée des réformes. M. Kanouté rappelle que les populations dépendent de trois manivelles que sont les télécoms, l’industrie extractive (qui sont déjà entre les mains des multinationales) et l’agriculture qui est à même de soutenir une croissance inclusive, car étant pratiquée par près de 65 % de la population.
Il saisit, en outre, l’occasion pour revenir sur le parcours du combat pour le foncier. «Notre rôle a consisté, dans les années 2000, à rendre visible le phénomène d’accaparement des terres. Il y a eu ensuite la protestation à travers les médias, les décrets et campagnes. Maintenant, nous sommes à la phase de proposition», résume-t-il, rappelant que les recommandations seront soumises à la Commission des réformes, mise sur pied en mars dernier.
Des actions qui, selon lui, ont pour conséquence la diminution du phénomène de l’accaparement grâce à l’appel au moratoire sur les acquisitions de terres, lancé en 2011. Ainsi, «le phénomène est beaucoup plus contrôlé pour devenir une sorte de pédale douce pour l’acquisition de terres. Ce qui contribue à la sécurisation de l’espace familial». De l’avis de Kanouté, le Sénégal et l’Afrique doivent d’abord être des mères porteuses avant d’être le nourricier d’autres continents.
Source: http://www.walfnet.com
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