CMU Seuls 5 milliards prévus pour l’année 2015 sur 25 nécessaires : La Cicodev craint un recul dans les résultats escomptés. Amadou Kanouté, directeur exécutif de la Cicodev/Afrique dit être inquiet à la lecture de la loi des finances de 2015…Lire la suite |
Amadou Kanouté, directeur exécutif de la Cicodev/Afrique dit être inquiet à la lecture de la loi des finances de 2015, concernant la Cmu. Il fonde ses inquiétudes dans le fait que seuls 5 milliards de francs sont alloués à la Cmu en 2015, alors que les besoins sont chiffrés à plus de 25 milliards de francs Cfa. Ce qui risque, selon lui, d’impacter négativement sur les résultats attendus.
L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) a tenu une rencontre de sensibilisation sur la Couverture maladie universelle (Cmu) avec plusieurs acteurs locaux de la société. L’objectif, selon Amadou Kanouté, consiste à mieux imprégner les populations sur les tenants et les aboutissants de la Cmu. Plusieurs acteurs de la société et responsables de service et institution ont pris part à cette rencontre au cours de laquelle ils ont aussi, entre autres, réfléchi sur les voies et moyens à entreprendre pour la pérennité de la Cmu. Mais pour cela, il va falloir d’abord vulgariser la Cmu, lance-t-il d’emblée. «Le concept peut paraître ésotérique, donc il faut faire de sorte que les populations le connaissent et se l’approprient», dit-il.
Toutefois, Amadou Kanouté dit être inquiet après avoir eu un aperçu sur la loi des finances de 2015, concernant la Cmu. Il dit avoir peur quant à l’atteinte des objectifs, quand on sait que dans cette même loi, seuls 5 milliards de francs sont alloués à la Cmu au moment où les besoins sont chiffrés à plus de 25 milliards de francs Cfa. «C’est un recul», regrette le patron de la Cicodev, avant de rappeler qu’en 2013 déjà, il y avait 5 milliards alloués à la Cmu, en 2014, un milliard a été ajouté au montant précédent, ce qui faisait qu’il y en avait 6 milliards. Pour cette année, regrette-t-il, au lieu d’accroître le montant, c’est une baisse que l’on constate. Ce qui a suscité des craintes et d’autres appréhensions chez les responsables de la Cicodev. «On ne saurait revenir en arrière alors qu’on a clamé sur tous les toits que c’est un programme prioritaire du Président. Un programme prioritaire, on lui affecte les ressources qu’il faut pour qu’il devienne effectif», se désole-t-il. Avant de faire remarquer qu’avec un gap de près de 20 milliards, on ne peut pas espérer atteindre les 80% de tous les besoins de la Cmu.
Revenant sur l’autre objectif de la Cmu, M. Kanouté dit souhaiter une discrimination positive pour les femmes. Ce sont elles qui le plus souvent sont sujettes aux maladies, surtout celles dites féminines comme le cancer du col de l’utérus, le cancer du sein, les fistules obstétricales, entre autres. En plus, ce sont elles qui portent les enfants, qui leur donnent naissance et qui se chargent de leur entretien. Donc il est important, selon Kanouté, que dans un programme aussi important comme la Cmu, qui dit avoir comme axe prioritaire les enfants de 0 à 5 ans, que la femme qui porte l’enfant puisse aussi y avoir toute la part qui lui revient pour pouvoir être en bonne santé. C’est l’une des raisons qui ont poussé la mise en place d’observatoires dans 9 localités dans le pays, dont Tambacounda.
Contraste noté dans la fourniture de médicaments
L’installation des observatoires dans les localités permet de faire des observations sur des thèmes. Et à la fin de chaque mois, une observation est faite et les résultats publiés. Cependant à Tamba, l’observatoire a constaté un véritable contraste entre le haut de la pyramide où la Pna et la Pra disent qu’elles n’ont pas de problème d’approvisionnement. Mais au bas de la pyramide, révèle Kanouté, quand vous y arrivez (les postes de santé), c’est à ce niveau que les ruptures se font sentir. Et c’est à ce niveau, reconnaît-il, qu’il y a le plus gros besoin et surtout pour les médicaments génériques pour les enfants de 0 à 5 ans.
Dans la région, 75% des structures ont révélé durant la période d’observation de mai à juin des ruptures de médicaments. 50% de ces médicaments concernaient le palu, 25% les maladies diarrhéiques chez les enfants, note le rapport de la Cicodev. Suffisant pour que Kanouté prévienne qu’on ne peut avoir une Cmu pérenne dans ces conditions. Pour lui, «il faut que les médicaments soient disponibles du sommet de la pyramide, des hôpitaux jusqu’aux cases de santé».
Source : Lequotidien.sn, 28 octobre 2014