La loi sur la biosécurité, votée le 3 juin 2022 sans débat à l’Assemblée nationale sortante, a ouvert la porte aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Des organisations se mobilisent alors que le texte n’est pas encore promulgué et que l’Assemblée nationale a été renouvelée
Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier
Au milieu des maniocs et des aubergines de son jardin, Ibrahima Seck, coordonnateur de la Fédération nationale pour l’agriculture biologique, s’inquiète de la nouvelle loi qui ouvre la porte aux OGM. « Nous ne pouvons pas connaître les conséquences de l’entrée des OGM sur la santé de l’homme, sur la santé de l’animal, sur la biodiversité. Il y a des risques de perdre nos semences paysannes. Nous allons voir la standardisation des semences, mais aussi de l’alimentation. »
Les acteurs de la société civile craignent aussi que les agriculteurs deviennent dépendants des multinationales internationales, productrices de semences OGM non reproductibles. En face, les autorités assurent que ces semences résistantes à la sécheresse ou à la salinité des sols pourraient répondre aux défis climatiques.
Des militants prêts à continuer la lutte si la loi est promulgué
Mais Amadou Kanouté, directeur de l’institut CICODEV sur le développement en Afrique, regrette que les producteurs n’aient pas été inclus dans l’élaboration de la loi. « Aujourd’hui, la bataille se fait au niveau du chef de l’État. Cette loi ne doit pas être promulguée. Si jamais le chef de l’État nous ferme la fenêtre d’opportunité, nous engagerons une autre manche où il s’agira de retourner à l’Assemblée nationale plus équilibrée que celle que nous avions avant. » Dans la nouvelle Chambre, le président Macky Sall n’a en effet plus une majorité aussi confortable.
Le ministère de l’Environnement et l’autorité nationale de la biosécurité, qui a rédigé la loi, n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Source:https://www.rfi.fr/ du 5 novembre 2022