Vingt-quatre organisations sénégalaises et internationales de la Société civile, sur initiative de CICODEV Afrique, se sont engagées à accompagner les communautés locales dans la sécurisation du foncier. Cela, grâce notamment à une meilleure connaissance, pour les organisations de la Société civile, des mécanismes régionaux et continentaux de protection des défenseurs des droits fonciers.
Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant) – Les membres d’une vingtaine d’organisations de la société se sont penchés vendredi, sur la gestion des questions foncières, à travers un atelier organisé au Lac Rose. La rencontre, qui a servi de restitution des travaux d’une étude menée sur la question, a aussi permis aux différents acteurs concernés d’élaborer de nouvelles orientations. L’objectif de l’atelier était de contribuer au renforcement des acteurs de la Société civile sénégalaise, dans l’appui et l’accompagnement des communautés locales pour la défense et la sécurisation de leurs droits fonciers, a noté, à ce propos, le document remis par les organisateurs. «Les transactions foncières ne respectent généralement pas les logiques locales de gouvernance des terres (…) ces terres sont généralement attribuées aux investisseurs privés, avec le principal souci de satisfaire leur demande foncière, sans un examen poussé et préalable de la finalité des investissements envisagés sur les populations, ni une bonne prise en charge des impacts économiques, sociaux et environnementaux», a encore déploré le document.
Amadou Kanouté, Directeur exécutif de CICODEV-Afrique a constaté, en présentant les résultats de l’étude : «Il y a une forte disparité entre le cadre normatif, les instruments législatifs et la pratique sur le terrain. La pratique sur le terrain est plus marquée par les expropriations, intimidations des défenseurs de la terre et de l’environnement, emprisonnements… C‘est face à cela que l’étude dit qu’il faut que nous puissions revisiter et réinventer nos stratégies.» Pour une bonne prise en charge de la question par le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (Crafs), dont la Cicodev est membre, l’étude a préconisé d’élargir le champ des acteurs. «L’étude nous dit qu’il faut qu’on puisse s’ouvrir à d’autres acteurs, qui ont d’autres techniques d’intervention», a posé Kanouté, citant l’Article 19 aux nouveaux venus, Legs Africa, les organisations confessionnelles Jamra et Caritas… «Cette approche, il faut que nous nous l’appropriions dans la définition de nouvelles stratégies, pour bien défendre les communautés», a relevé le directeur de CICODEV.
Outre le Sénégal, l’étude financée par l’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (Afsa) concerne quatre autres pays africains, à savoir Mali, Cameroun, Togo et Bénin. «C’est la restitution de l’équipe Sénégal, mais en même temps, beaucoup de similarités existent entre ce que nous avons vu ici et dans les autres pays africains», a soutenu Kanouté, assurant qu’il est temps de coplanifier des actions communes, pour une bonne gestion de la question à l’échelle régionale. «Si nous avons engrangé des victoires au plan national avec le Crafs, il nous faut continuer les batailles au niveau continental, particulièrement au niveau de l’Union africaine et Afsa qui est un réseau des réseaux (…) L’idée c’est de voir comment nous pouvons planifier ensemble, au vu des enjeux et défis qui ont été identifiés par l’étude, pour nous assurer de nouvelles stratégies incluant de nouveaux acteurs qui, directement ou indirectement, sont en train de travailler sur les questions foncières», a-t-il soutenu.
Le directeur de CICODEV a, dans ce registre, convoqué trois éléments posés par l’Ua qui travaille, durant cette semaine, sur sa nouvelle stratégie foncière, et qui résonne comme une victoire dans ce combat. Il s’agit de l’utilisation rationnelle des terres, la faveur aux femmes dans le contrôle des terres et le consentement informé préalable des communautés, comme préalable avant de se faire déposséder.