‘’La relance du processus de réforme foncière dans sa globalité’’ est une nécessité pour laquelle l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV) invite l’Etat du Sénégal à prendre des mesures ‘’pour des solutions concertées et consensuelles entre les familles d’acteurs sur la gestion foncière’’.
Ceci, à travers un communiqué pour regretter les événements violents qui se sont passés la semaine dernière à Diass, entre les forces de l’ordre et des manifestants, pour un litige foncier entre les populations et un promoteur privé. Vingt-trois personnes ont été arrêtées lors des échauffourées avec la gendarmerie, avant de bénéficier d’un retour de parquet au tribunal de grande instance de Mbour.
Si des situations similaires sont en passe de devenir monnaie courante dans beaucoup de localités au Sénégal, la commune de Diass connaît une agression foncière exponentielle, menée souvent par des projets et programmes étatiques, selon l’organisation de la société civile. En illustrent l’aéroport de Diass assis sur une assiette foncière de 4 500 hectares ; la Zone économique spéciale industrielle (n°2) d’une superficie de 10 000 hectares, le port de Ndayane occupant 400 hectares appartenant à la commune de Diass, l’usine des gros-porteurs 100 hectares, le pôle urbain de Dagga-Kholpa 3 000 hectares avec une zone d’aménagement concertée de 300 hectares et la base de vie de Saudi Ben Laden Group bénéficiaire de 100 hectares pour des besoins d’investissement.
Ces émiettements de la surface communale privent cette municipalité de toute possibilité d’extension pour satisfaire la demande de logement des administrés, sans compter les potentielles activités agricoles en voie de disparition. Sans nier la pertinence de ces projets, le CICODEV rappelle au gouvernement que l’accès à la terre est un droit fondamental. Encore plus dans un pays où le foncier permet à plus de 70 % de la population de satisfaire leurs besoins en logement, nourriture, mobilité, accès à la santé à travers les plantes médicinales.
Pour rappel, la Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001 modifiée, consacre le principe de la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles’’.
Pour rétablir les populations dans leur droit constitutionnel, le CICODEV appelle également à ‘’l’opérationnalisation de la volonté proclamée du chef de l’Etat d’interdire l’octroi de titres fonciers sur les terres arables en milieu rural des communautés’’ ; à ‘’l’adoption de mécanismes juridiques spécifiques protégeant les défenseurs des droits/activistes des droits fonciers pour leur permettre de contribuer à la gouvernance transparente et responsable du foncier en toute quiétude’’ et à ‘’l’institutionnalisation d’un contrôle citoyen à tous les niveaux de la gouvernance foncière au Sénégal, pour garantir la participation effective des populations’’.
L’organisation rappelle à l’Etat du Sénégal son obligation de garantir aux populations leur droit de réclamer un toit dans leurs communes. Tout en incitant toutes les parties au dialogue, elle invite les autorités judiciaires à ‘’aller au-delà de la liberté provisoire accordée aux populations contestataires de Diass, pour prendre toutes les mesures pour assurer la pleine jouissance des communautés de leurs droits fonciers dans la paix et la quiétude sociale’’.
Source :L’Enquête du mardi 21 septembre 2021