Le mode de consommation du Sénégalais n’est pas des meilleurs. Plusieurs faits concourent à cette mauvaise alimentation si l’on se fie au directeur du laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales, le Professeur, Abdou Salam Fall. Il prenait part hier, mardi 3 août au webinaire sur les politiques alimentaires au Sénégal organisé par Cicodev, Afrique, en partenariat avec l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa) et Sos Faim. |
Pour lui, «ce que nous consommons ne respectent pas toujours les normes de sécurité sanitaire des aliments et c’est un élément essentiel ». Abdou Salam Fall d’expliquer que le Sénégalais a des habitudes de consommer trop salé, sucré et gras. «Les normes pour la consommation de sel sont de 5g par jour et par individu. Ce que nous consommons d’après les données disponibles dans les laboratoires de l’Université de Dakar, montre une consommation entre 20 à 30 g/j et par individu ; donc 4 à 5 fois plus que la norme », explique-t-il.
Selon toujours, le professeur Abdou Salam Fall, la dépendance alimentaire est assez forte et que des produits fortement consommés sont maintenant dans le viseur de pays comme les USA. «Nous dépendons beaucoup des importations y compris dans les domaines où on pensait être autonome comme les céréales. Par exemple, pour le mil, nous risquons d’être concurrencés parce que les Américains ont pris conscience de son caractère nutritif. Réservé autre fois à la consommation des animaux, on le retrouve de plus en plus dans les rayons pour la consommation humaine. Des efforts des recherches énormes sont consenties dans le domaine de la génétique du mil dans ce pays». D’autres produits locaux sont actuellement exportés. «Les ressources forestières non ligneuses sont menacées. Il s’agit du Moringa, ditakh, Bouye, Soump et plusieurs autres espèces végétales qui sont surexploitées du fait de cette exportation. Les pays asiatiques en raffolent. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une cargaison ne quitte Dakar. Or, leur capacité nutritionnelle est tellement forte», indique le professeur Fall. Parmi les problèmes décelés, il y a aussi signale-t-il, «beaucoup d’- hésitations à passer au bio». L’usage des pesticides reste dangereux, «il y a des problèmes énormes avec l’usage des pesticides. Ils permettent une productivité forte mais en retour pose des dégâts énormes», souligne-t-il. Il y a la nécessité de privilégier le marché intérieur. «Lorsqu’une production est réalisée on pense davantage à l’exportation que le marché intérieur qui est pourtant énorme. Les données récentes montrent qu’en 2019, on était à 46% de classe moyenne. Il y a un élargissement de celle-ci ce qui montre que le marché intérieur est solvable et en extension », affirme-t-il. LES RELIGIEUX PRIVILEGIES DES INTRANTS AGRICOLES AU DETRIMENT DES EXPLOITATIONS FAMILIALES «Les intrants qui sont disponibles vont davantage aux gros producteurs qui sont souvent des guides religieux qu’aux exploitations familiales», déplore Abou Salam Fall tout en précisant aussi que «la forte présence des supermarchés des grands groupes d’investisseurs étrangers concurrence le commerce local qui souffre aussi des conditions d’hygiène dans lesquels, il s’effectue». Par ailleurs, «l’accès des produits marocains, souvent en bas de gamme au marché national menace fortement la production locale dans le domaine des fruits et légumes». Parmi les difficultés, il y a aussi la faible production malgré les opportunités existantes. Les facteurs qui l’expliquent sont selon, le professeur, Abdou Salam Fall, «une dépendance de l’agriculture pluviale, la difficulté d’accès aux facteurs de production, le manque de maitrise des itinéraires techniques est encore à assoir enfin l’orientation des investissements en direction de l’exploitation agricole familiale». Selon toujours le professeur Fall, «la production locale est faiblement, conservée et transformée malgré l’existence de projets». Il y a également à son avis, «le fait que le prix du marché est peu régulé, ce qui donne la possibilité à des intermédiaires et ne permet pas en conséquence aux producteurs de tirer de meilleurs profits». Face à tous les problèmes énumérés, il recommande une sensibilisation sur l’alimentation et l’éducation alimentaire et nutritionnelle dans les enseignements scolaires dès le bas âge. Il y a aussi souligne-t-il, «la nécessité d’élaborer des stratégies qui contribuent à une alimentation saine et durable et la règlementation de la vente et de la commercialisation des aliments aux abords des écoles pour une alimentation qui respectent les habitudes d’une consommation responsable». Pour Abdou Salam Fall, «il est indispensable de ramener la consommation aux normes édictées par l’OMS. Il est aussi important de promouvoir les modes d’alimentation de nos terroirs basés sur les produits locaux». Source :https://www.sudonline.sn/ du 4 aout 2021 |