Conseil départemental de Rufisque, première journée de distribution de kits alimentaires aux populations. Tôt le matin, l’endroit est pris d’assaut par les bénéficiaires, venues de Bambilor, Tivaouane peulh et Jaxaay. Ces populations ont été fortement impactées par la pandémie de la Covid-19 et ont été ciblées parmi les franges les plus vulnérables du département. Ils sont nombreux à voir leurs activités au ralenti ou à l’arrêt suite aux différentes mesures prises par le président Macky Sall pour faire face au
coronavirus. Tout est parti de l’état d’urgence décrété le 23 mars 2020 assorti d’un couvre-feu de 20 heures à 6 heures. Les marchés du pays n’ont été que partiellement ouverts tout au long de cette période qui a duré plus de trois mois.
Pour ces pères et mères de familles, c’est le début d’une nuit toujours sans fin. De nombreux producteurs maraîchers de Lendeng, Bargny, Sangalkam et Yenne se sont retrouvés dans l’obligation de prendre des mesures réduisant ainsi leurs activités. Parmi ces mesures, une baisse des surfaces cultivables, la réduction de la main d’œuvre dans les champs mais aussi et surtout, une partie de leurs revenus destinée à la production maraîchère a été utilisée pour l’alimentation de leur famille. Tandis que les GIE ont dû restreindre leurs effectifs afin de respecter les consignes de l’Etat avec un impact économique réel et des conséquences non négligeables à long terme.
Une distribution qui s’étale sur 10 semaines
Conscient de la situation sanitaire et des impacts sociaux économiques qui sévissent présentement, le Conseil Départemental de Rufisque avec l’appui technique de Migration-Citoyenneté-Développement (Grdr) et de l’Institut Panafricain pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (CICODEV), a décidé d’agir. C’est toute la symbolique de la distribution de kits alimentaires constitués de légumes et céréales locaux en provenance des maraîchers des Niayes et de Lendeng pour 60 familles, parmi les plus vulnérables du département de Rufisque, sur une période de 10 semaines.
« C’est parce que les légumes constituent des denrées périssables que nous avons pris l’option d’organiser une distribution hebdomadaire pendant 10 semaines pour permettre aux bénéficiaires de pouvoir jouir pleinement de légumes frais», explique Seyni Kébé, chargé de mission au Grdr.
Cet appui est la résultante d’une démarche visionnaire entamée depuis 2016 par les différents partenaires et relative à la nécessité de développer une stratégie de résilience des populations au niveau des territoires déjà en situation de vulnérabilité alimentaire. Face aux effets de la pandémie, les différents acteurs sont interpellés quant à la résilience du système alimentaire dans le département de Rufisque. « L’arrivée du Coronavirus au Sénégal a été vécue comme un drame dans notre famille. En
tant que restauratrice et mère de famille, je me suis retrouvée sans emploi et avec un mari au chômage. J’ai dû beaucoup compter sur l’appui de parents proches pour nourrir ma famille. Cette aide que je reçois aujourd’hui vient à son heure, ces légumes combinés aux céréales vont nous permettre de tenir en attendant une reprise effective de mes activités », confie une bénéficiaire portant un masque.
Une économie circulaire
En plus de la distribution de kits alimentaires, une batterie de mesures a été mise en œuvre pour accompagner les impactés. Il s’agit d’un appui à 4 Organisations paysannes engagées dans l’agroécologie à Rufisque dans leur projet de développement agricole et de promotion de l’agroécologie, d’un appui à 12 initiatives individuelles engagées dans l’agroécologie paysanne du département de Rufisque. En outre, un soutien a été apporté à 10 producteurs/rices maraîchers du département dans leur effort de production à travers un fonds de prise en charge de la main d’œuvre et 20 producteurs par la dotation en 20 000 plants pour repiquage. De plus, un appui aux entreprises agro-alimentaires artisanales transformatrices de céréales dans leur stratégie d’approvisionnement (achats matières premières + achat d’un tricycle) via la plateforme APROVAL a été concrétisé. Last but not least les groupements d’intérêt économiques (GIE) membres de la Maison Rouge ont bénéficié d’un
appui technique pour un renforcement de capacité sur le respect des consignes d’hygiène, les techniques de transformation de céréales, fruits et légumes.
Un vaste plaidoyer a été mené pour la mise en œuvre de cantines scolaires approvisionnées en circuits courts afin de permettre aux enfants d’être en bonne santé et capables d’atteindre leur plein potentiel de développement cognitif.
En somme, ces appuis sont articulés autour d’une économie circulaire qui vise un développement local. «Cet appui est bien réfléchi, tous les secteurs d’activité du département de Rufisque impactés y trouvent leur compte. C’est aussi une belle façon de promouvoir le consommer local, gage d’un avenir meilleur »,
déclare Diamé, maraicher à Lendeng.
A terme, ce mécanisme d’appui va favoriser l’émergence de systèmes alimentaires territorialisés (production, transformation, distribution, stockage, consommation, gestion des déchets) plus durables, plus résilients et plus favorables à l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.
Source:https://www.pressafrik.com/