Sur 52 % de femmes au Sénégal, seuls 11 % ont accès aux terres. Un déséquilibre qu’il faut renverser, selon Amadou Kanouté, Directeur exécutif CICODEV Afrique.
Pourtant, le président de l’Alliance nationale femme et foncier révèle que « des études montrent que quand les femmes ont les moyens d’exploiter les terres et se sentent sécurisées sur la terre, c’est la qualité de la vie au niveau des ménages, c’est le bien-être familial, le développement économique, la sécurité alimentaire ».
Ces facteurs font qu’aujourd’hui la campagne Stand For Her Land (Debout pour les droits fonciers des femmes) appuyée par le ministère allemand de la coopération (Bmz) , ambitionne de porter le plaidoyer afin de combler le fossé existant entre les lois et les pratiques foncières en vue d’une effectivité et d’une sécurisation des droits fonciers des femmes dans trois pays d’Afrique (Ouganda, Éthiopie et Sénégal).
En effet, d’ici 2030, l’Union africaine œuvre à ce que dans les différents pays africains, les terres soient données de manière documentée avec des délibérations, au moins à 30 % des femmes. « Nous, on estime que c’est peu et on va travailler pour atteindre au moins cet objectif de 30 %, en espérant pouvoir aller au-delà. Nous voulons mettre les femmes au cœur de cette campagne pour qu’elles puissent se battre. Si on donne aux femmes les moyens de pouvoir s’autonomiser, cela aura un impact sur le développement de notre pays », affirme M. Kanouté.
Ainsi, dans le cadre de cette campagne, une retraite organisée par l’Alliance nationale femmes et foncier regroupe les femmes afin qu’elles réfléchissent sur les objectifs majeurs, l’élaboration de la stratégie nationale, la mise en œuvre de manière concertée et inclusive.
« Les textes disent que les femmes et les hommes sont égaux quant à l’accès au niveau des ressources naturelles. Ce qui n’est pas tout à fait bien défendu, perceptible, quand on part sur le terrain pour voir ce qui s’y passe. Cette campagne cherche à combler ce gap et à faire en sorte que la pratique sur le terrain correspond à ce qui est donné comme droits et devoirs par notre Constitution », explique Amadou Kanouté.
Selon , le directeur exécutif CICODEV Afrique, il s’agit de regrouper toutes ces organisations qui sont membres de l’Alliance. « L’idée, c’est de faire en sorte qu’au bout de ces trois jours, nous puissions sortir avec une stratégie qui nous dise, durant les cinq prochaines années, ce que nous devons faire pour combler ce gap pour faire en sorte que le nombre de femmes qui accèdent à la terre soit doté de moyens pour réaliser ce qu’elles veulent avec la terre qui leur sera donnée », dit-il.
Ainsi, les organisations de femmes ont mis en place des relais fonciers dont la mission est de sensibiliser, d’encadrer et de faire en sorte que les femmes puissent être formées sur leurs droits et devoirs pour qu’elles puissent réclamer les terres.
« D’autres ont des groupes de veille qui s’assurent que les droits des femmes sont respectés quand il s’agit de l’accès à la terre. D’autres femmes travaillent avec les élus locaux pour s’assurer que dans les commissions domaniales, les femmes puissent être représentées. C’est tout une série de stratégies que les femmes sont déjà en train de mettre en œuvre. Donc, la campagne ne viendra qu’appuyer ce qu’elles sont en train de faire », assure M. Kanouté.
Cette campagne est pilotée au Sénégal par CICODEV Afrique, en sa qualité de coordonnateur de l’Alliance nationale femmes et foncier.