REFLEXION – Assurance maladie obligatoire au Sénégal : Les experts «scannent» la Cmu et les mutuelles de santé

sante
 sante

REFLEXION – Assurance maladie obligatoire au Sénégal : Les experts «scannent» la Cmu et les mutuelles de santé. L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) a regroupé,…Lire la suite

L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) a regroupé hier autour d’un panel des experts sur la thématique «Faut-il rendre l’assurance maladie obligatoire au Sénégal, enjeux et options» pour susciter un débat autour de la Cmu, levier de la politique sociale de l’Etat. En tout cas, il conseille aux autorités l’option d’une Cmu obligatoire, mais progressive.
 
«Faut-il rendre l’assurance maladie obligatoire au Sénégal ?» Cette question introductive d’une rencontre autour de l’Etat, du  secteur privé et des citoyens a permis de soulever des réflexions passionnantes hier dans un contexte de mise en place de la Couverture maladie universelle (Cmu). L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev), parrain de cette manifestation, essaie de poser les jalons de ce débat naissant au Sénégal et qui constitue un levier de la politique sociale du gouvernement de Macky Sall. «Il s’agit, pour nous, de faire en sorte que les citoyens sénégalais puissent comprendre pourquoi le Sénégal a choisi l’assurance maladie volontaire pendant que l’Oms dit qu’aucun pays n’a jamais pu atteindre la Cmu sans passer par l’obligatoire», explique Amadou Kanouté, directeur exécutif de Cicodev Afrique.
 
A ses yeux, le débat mérite d’être posé pour cerner les enjeux et donner aux populations les clefs pour comprendre la couverture maladie. Car, estime-t-il, aucune politique publique ne peut être durable, ni viable si les citoyens ne maîtrisent pas les enjeux de la question. Il explique : «L’enjeu aujourd’hui c’est de faire en sorte que tout le monde comprenne la nécessité de s’affilier aux mutuelles, de renforcer leurs capacités». «Et après, les gens iront tout naturellement vers les mutuelles parce qu’ils sentiront la nécessité de s’affilier à une mutuelle et ainsi le caractère obligatoire de la Cmu n’aura plus sa raison d’être», dissèque M. Kanouté. «Les enjeux du volontaire à la place du caractère obligatoire compris, ils seront en mesure de comprendre et de donner leur adhésion dans les mutuelles de santé», estime le directeur exécutif de Cicodev.
 
Dans ce contexte de mise en application de la Cmu, les avis restent partagés. Avant d’arriver à une couverture maladie obligatoire, il reste des préalables à satisfaire qui sont inclus dans un long processus. Par lequel, les citoyens seront rassurés par la mise en place du dispositif et du maillage. Certains intervenants soutiennent que le maillage nécessaire n’est pas encore effectif en termes de mutuelles au Sénégal. Sans oublier l’absence de mécanismes permettant de rendre obligatoire la Cmu. Cela est corroboré par l’insuffisance de mutuelles dans le pays permettant de rendre effectif le mécanisme de financement et d’adhésion.
 
Insuffisance de mutuelles de santé
 
Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (Oms), indique M. Kanouté, estime qu’il est impossible d’atteindre une Cmu volontaire. Cette position est épousée par le secrétaire général du Syndicat unique de la santé et de l’action sociale (Sutsas), qui prône l’instauration d’une loi rendant obligatoire la Cmu. «Il faut créer le cadre institutionnel, ensuite séparer les fonctions de vendeurs et d’acheteurs de soins parce que jusqu’ici, le ministère de la Santé assure ces deux fonctions. Aussi, faudrait-il rendre obligatoire la participation parce que ceux qui l’ont fait l’ont réussi en le rendant obligatoire, car la prise en charge est lourde pour l’Etat. Tant qu’on ne considère pas le financement de la santé dans une perspective holistique, on passera à côté», avertit Mballo Dia Thiam. Représentante des mutuelles de santé, Mme Diop indique une insuffisance de professionnalisme et un besoin de renforcement de capacités des membres de ce secteur pour couvrir toute la population.
 
Pour François Diop de l’Usaid, c’est le financement et le coût de la prise en charge qui posent problème. «Dès que le gouvernement la rendra obligatoire, il sera obligé de prendre en charge. Les gens n’auront pas les moyens d’adhérer dans les mutuelles de santé», dit-il. En effet, le gouvernement devra payer 7 000 francs Cfa pour plus de 80% de la population pour assurer une couverture maladie totale. Ce qui constitue une charge excessive dont il n’a pas encore les moyens.
 
ksonko@lequotidien.sn, Publié le 25 avril 2014
Source : Le Quotidien
 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.