La 1ère consultation sur les politiques alimentaires au Sénégal, tenue hier à l’initiative de la CICODEV Afrique et ses partenariats via un webinaire, a été une tribune pour des membres de la société civile de proposer des solutions afin d’arriver à une bonne politique alimentaire.
Par Mamadou SAKINE – Hier, le sociologue Pr Abdou Salam Fall a plaidé pour un fonds mis en place par l’Etat, dédié à la production alimentaire locale nationale, au cours de la 1ère consultation sur les politiques alimentaires au Sénégal, à l’initiative de la CICODEV Afrique, en partenariat avec l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa) et Sos faim. L’universitaire pense que cela doit être l’une des priorités au sein de la société civile. Il explique en effet que l’ensemble des acteurs de toute la chaîne ont beaucoup de difficultés à accéder à des fonds qui leur permettent de faire les investissements durables nécessaires pour la promotion d’une alimentation durable, diversifiée et qui respecte les normes de sécurité sanitaire des aliments.
Pour arriver à une bonne alimentation durable, la consultante en chaînes alimentaires durables à la FAO, Coumbaly Diaw, pense qu’il faut partir du local au global, c’est-à-dire impliquer «toute de suite» les maires. «Mieux que quiconque, les maires sont plus conscients des problématiques liées au système alimentaire au niveau des villes», affirme-t-elle. Elle a par ailleurs soulevé un manque de communication entre acteurs, décideurs et membres de la société civile. Donc il faut des cadres de concertation clairs, dit-elle. Ainsi, elle propose la création d’un réseau comme stratégie à mettre en œuvre pour avoir une bonne politique alimentaire. «La question alimentaire est plus opérationnelle qu’autre chose. Il faut aller à l’action», dira Khady Fall Tall. Alors, pour aller dans le sens de cette action souhaitée par Mme Tall, Pr Abdou Salam Fall trouve la nécessité de travailler à une sensibilisation à travers une campagne de communication. Il est d’avis que cela passe aussi par l’introduction de l’éducation alimentaire et nutritionnelle dans les enseignements scolaires dès le bas âge. Il propose également la promotion des modes d’alimentation de «nos» territoires basé sur «nos» propres produits.
Auparavant, le Professeur a parlé des points de «consensus» relatifs aux politiques alimentaires au Sénégal. Tous les acteurs, dit-il, s’accordent que le pays produit peu. Or le potentiel agro-sylvo-pastoral est très élevé. Les facteurs qui l’expliquent sont entre autres la difficulté d’accès aux facteurs de production. «Ce que nous produisons est faiblement conservé et faiblement transformé. Nous mangeons trop salé, trop sucré et trop gras», mais nous avons aussi une dépendance alimentaire trop forte. Evoquant les «divergences», il a déclaré qu’«il y a des problèmes énormes avec les pesticides qui favorisent une productivité forte, mais qui en retour posent des dégâts énormes. Les intrants qui sont disponibles sont davantage aux gros producteurs, et souvent des guides religieux, qu’aux producteurs agricoles à l’échelle des exploitations agricoles familiales». Avant de mentionner la «forte» présence des supermarchés de gros groupes d’investisseurs étrangers et inversement «la faible» qualité du commercial local.
Source:https://lequotidien.sn/ du 4 aOut 2021