«Porter un plaidoyer global afin de combler le fossé existant entre les lois et les pratiques foncières en vue d’une effectivité et d’une sécurisation des droits fonciers des femmes dans trois pays africains (Ouganda, Ethiopie, Sénégal).» Tel est l’objectif de la campagne Stand for her land, lancée à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme rurale.
Par Dieynaba KANE – La Journée internationale de la femme rurale, célébrée le 15 octobre dernier, a été saisie par les femmes pour se mobiliser autour de la campagne Stand for her land (debout pour réclamer leurs terres), financée par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (Bmz), pour «revenir sur les difficultés qu’elles éprouvent, surtout en zone rurale, pour accéder et contrôler la terre». Dans un document, Cicodev Africa, qui pilote cette campagne dans notre pays en sa qualité de coordonnateur de l’Alliance nationale femmes et foncier et premier membre d’Ilc au Sénégal, renseigne qu’«appuyée par Landesa et International Land Coalition, la campagne S4hl ambitionne de porter un plaidoyer global afin de combler le fossé existant entre les lois et les pratiques foncières en vue d’une effectivité et d’une sécurisation des droits fonciers des femmes dans trois pays africains (Ouganda, Ethiopie, Sénégal)». Citée dans le document, Mme Seynabou Diouf de l’Association des femmes juristes du Sénégal (Ajs), membre de l’Alliance nationale femmes et foncier, déclare qu’il «s’agira, lors de cette campagne, de contribuer au plaidoyer pour réduire les gaps entre les lois et les pratiques autour du droit foncier des femmes». Spécifiquement, explique Mme Diouf, «la campagne vise à dynamiser l’Alliance, pour en faire une plateforme durable en faveur des droits fonciers des femmes, engager et renforcer les parties prenantes en termes de connaissances et de ressources pour le plaidoyer en faveur des droits fonciers des femmes, engager les communautés locales dans la réalisation des droits fonciers des femmes». Les auteurs du document soutiennent que «le changement voulu dans le cadre de cette campagne, c’est de voir les femmes à la base conscientes et capables de défendre leurs droits fonciers au regard de toutes ces lois qui leur sont favorables». Avec cette campagne, les initiateurs veulent ainsi «bâtir une Alliance nationale femmes et foncier attractive, plus dynamique, résiliente, structurée, indépendante, crédible et résolument engagée à faire valoir le droit des femmes à l’accès et au contrôle de la terre» et aussi «une effectivité de la participation des membres de l’Alliance aux mécanismes de gouvernance du foncier». Ce qui fait dire à Mme Diouf de l’Ajs que «l’un des volets majeurs de la campagne Stand for her land, c’est aussi d’accompagner les femmes à travers une bonne formation qui leur permettra d’être autonomes, avec une parfaite maîtrise des procédures».
Par ailleurs, Cicodev rappelle que «cette campagne de plaidoyer pour la promotion de l’effectivité des droits fonciers des femmes est partie de constats qui rendent difficile l’accès des femmes à la terre». Il s’agit entre autres :
«Du faible accès des femmes aux ressources foncières et productives, qui s’explique par la prééminence des croyances et pratiques culturelles en matière foncière sur la législation qui octroie à la femme, un droit d’accès au foncier au même titre que l’homme ; de la raréfaction de la terre, qui est une ressource statique, elle ne grandit pas alors que la population, elle, progresse ; de l’accaparement des terres à grande échelle, qui réduit les chances d’accès des femmes à la terre ; des pratiques de certains propriétaires (location, prêt) ; de l’ignorance des femmes de leurs droits ; des procédures d’acquisition des terres, mais également, l’absence de moyens financiers pour la mise en valeur des parcelles de terres.»
dkane@lequotidien.sn