LES MÉCANISMES ENDOGÈNES DE FINANCEMENT DE LA SANTÉ (MEFS) FONT L’UNANIMITÉ À LOUGA ET À SAINT-LOUIS

À Louga,  région située dans la partie nord-ouest du Sénégal avec une population de 950 102 habitants, seul un faible pourcentage de la population est couvert contre le risque de maladie.

Au-delà de la pauvreté, cela peut s'expliquer par une méconnaissance des dispositifs d’assurance maladie, telles que la Couverture Maladie Universelle (CMU).

Parallèlement, à Saint-Louis qui compte une population de 983 032 habitants, les taux sont encore relativement faibles.

Pour faire face à cette situation, CICODEV Afrique, dans le cadre de son programme Santé mène une série de visites dans différentes régions du Sénégal depuis le début du mois de  Décembre 2019.

Le but de ces visites régionales est  de recueillir des informations sur l’environnement de travail des points focaux ; rencontrer les autorités locales et les acteurs impliqués dans la santé (et qui travaillent en étroite collaboration avec les points focaux de CICODEV); aider les points focaux à mettre en œuvre des activités de sensibilisation pour vulgariser les mécanismes endogènes pour un financement pérenne de la santé mais surtout, diffuser des informations sur la politique de la CMU. Les MEFS sont des initiatives locales développées par les communautés elles-mêmes pour prendre en charge leur besoin en santé.

A St-Louis, les MEFS perçus comme  méthodes  efficaces et adaptées  devant être institutionnalisées  par une reconnaissance dans la stratégie nationale de financement de la santé et une large adhésion communautaire dans les mutuelles de santé.

Les visites régionales ont commencé à Saint-Louis, région où est basé le point focal de CICODEV, Madame Nafissatou Diop. Une séance d’information a eu lieu afin de présenter les nouvelles orientations des programmes de CICODEV (en cours et / ou à venir), et l’équipe a effectué des visites de travail auprès de différentes autorités locales : l’Adjointe au Préfet,  le Secrétaire Général du Conseil départemental,  la 2ème Adjointe au Maire de Saint-Louis, le Chef de service régional du développement Communautaire de l'équité sociale et territoriale ainsi que le Chef de service départemental, le chef de service de l’action sociale.

A la suite, Mme Diop a organisé une activité de sensibilisation sous la forme d'une conversation communautaire. Ces activités sont destinées à  sensibiliser les communautés aux mécanismes endogènes de financement de la santé et à l'adhésion aux mutuelles de santé.

Étaient également présents des relais communautaires, des présidentes d'Associations Villageoises d'Épargne et de Crédit (AVEC) et de leur fédération (FAVEC), des Présidents de Conseil de quartier et du Conseil Communal de la jeunesse.

De nombreux problèmes concernant les mutuelles de santé ont été identifiés lors de cette session.

 Selon plusieurs acteurs locaux et certaines autorités, l’un des principaux problèmes est le déficit de  transparence sur la manière dont les mutuelles de santé utilisent les fonds que cotisent les adhérents. Cela crée la méfiance chez les potentiels adhérents des mutuelles de santé – les rendant hésitants à renouveler leur cotisation.

Des solutions ont également été proposées. Telles que celles  de certains jeunes, qui se sont engagés à investir les réseaux sociaux pour aider à vulgariser les mécanismes endogènes de financement de la santé et la politique de la CMU.

Les MEFS ont été proposés comme solutions pour rendre les soins de santé durables mais aussi accessibles et abordables pour tous.

Du côté des autorités locales, des agents de santé, des mutualistes, des acteurs communautaires ainsi que des communautés, les MEFS ont été perçus comme une expression de la solidarité  traditionnelle, à la fois efficace et adéquate, qui devraient être officialisés par les acteurs de la santé ainsi qu’une adhésion massive dans les mutuelles de santé.

Selon les comptes nationaux de la santé, plus de 50% des dépenses en santé sont supportées par les ménages. D'où l'importance de se préoccuper de la manière dont les communautés prennent en charge leurs besoins en santé.

Pour rappel, Saint-Louis compte 48 mutuelles de santé (dont 47 fonctionnelles) mais le taux de couverture n'est pas élevé. La conversation s'est terminée par des engagements des communautés pour aider au changement.

La population de Kébémer et les adhérents des mutuelles  encouragés à respecter les souscriptions annuelles même si les avantages ne sont pas immédiats.

A Louga, dans le département de Kébémer, les points focaux Aissatou Dieng (point focal de Kébémer) et  Modou Dieng (point focal de Diokoul) ont facilité les visites à  l’Adjoint au Préfet, au Préfet, au Maire de Kébémer et au Médecin chef adjoint du district sanitaire de Kébémer.

Après les visites de courtoisie,  les points focaux ont organisé une conversation communautaire qui a eu lieu dans le quartier  Diamaguène de Kébémer.

La conversation à Kébémer a été très productive. De nombreux participants ont déclaré que les communautés ignoraient les avantages offerts par la politique de la CMU ainsi que les mutuelles de santé.

La présidente régionale des marraines de quartier  (Bajenu Gox) Marème Sy, a encouragé les adhérents des mutuelles de santé à respecter les cotisations annuelles même si elles n’y trouvent pas un avantage personnel immédiat  (absence de maladie). En effet, certaines personnes s'inscrivent souvent dans une mutuelle de santé, mais au bout d’un certain temps, si elles n'en bénéficient pas, arrêtent de cotiser.

Guidée par l'approche décrite ci-dessus, l’équipe Santé de CICODEV Afrique conduira dans différentes régions du Sénégal où l’organisation est représentée présentement et plus tard dans les régions (Diourbel, Kaolack, Kaffrine, Matam et Sédhiou) où les nouveaux points focaux seront recrutés. CICODEV a déjà mis en place des observatoires de la CMU (Couverture Maladie Universelle) dans 9 régions du pays et prévoit de couvrir les 14 régions du Sénégal d'ici à fin Janvier 2020.

Léna Ba

Stagiaire en Communication et Administration