La journée mondiale des toilettes… un sujet très sérieux

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La journée mondiale des toilettes… un sujet très sérieux

Pour la première fois en 68 ans d’existence, l’Organisation des Nations Unies a décidé de reconnaitre officiellement ce 19 novembre comme LA « journée des toilettes »…

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09 Novembre 2013 – Pour la première fois en 68 ans d’existence, l’Organisation des Nations Unies a décidé de reconnaitre officiellement ce 19 novembre comme LA « journée des toilettes ». Histoire d’attirer davantage l’attention du grand public sur une dramatique réalité: aujourd’hui, en 2013, un tiers des humains n’ont pas accès à un système d’assainissement convenable.

Au Kenya, seuls 30% des habitants disposent de toilettes à domicile, au Sénégal, 33% de la population rurale y a accès… C’est pour attirer l’attention du grand public sur les problèmes d’assainissement à travers le monde que les 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies ont décidé de sacrer le 19 novembre « Journée Mondiale des Toilettes » !

Et oui, la formulation peut prêter à sourire mais elle permet néanmoins d’attirer l’attention sur une réalité dramatique : aujourd’hui dans le monde, encore un tiers de l’humanité – soit 2,5 milliards de personnes – n’a pas accès à de simples toilettes adéquates. Au Zimbabwé par exemple, « le système d’adduction et d’assainissement de l’eau est hors service et le gouvernement ne le répare pas » s’alarme l’ONG Human Rights Watch ce 19 novembre dans un communiqué.

«L’hygiène est une question de dignité»
De l’assainissement dépendent pourtant de nombreux enjeux tels que la santé évidemment mais aussi la sécurité, la dignité et même l’égalité des sexes. Le manque d’hygiène créé un environnement favorable à des épidémies comme le choléra ou la typhoïde qui coûtent des millions de dollars à soigner. Mais au-delà, «l’hygiène est une question de dignité » a fait valoir Camilla Wirseen, directrice pour le Kenya de la société Peepoople qui fabrique des toilettes à usages unique biodégradables

Du côté d’Action Contre la Faim, on clame que l’accès aux toilettes est « une arme pour l’égalité des sexes ». Julien Eyard, spécialiste du sujet de l’assainissement au sein de l’ONG explique ainsi au Figaro : « On sait que le fait de ne pas avoir de toilettes à l’école est une cause majeure d’absentéisme et d’abandon chez les filles ».

Un système d’assainissement performant est donc l’une des conditions premières du développement socioéconomique d’un pays. C’est ce qu’a expliqué, entre autres, le docteur Chris Williams, directeur du Conseil pour l’Approvisionnement en Eau et pour l’Assainissement, selon qui, « un environnement qui manque d’eau potable et d’assainissement est un environnement où poursuivre d’autres objectifs de développement est un rêve inatteignable. » Avant d’en conclure « le temps est venu d’agir ».

Des tuyaux d’assainissement, ce n’est pas visible
Malgré ces constats, jusqu’à présent, l’ONU n’avait pas fait de l’assainissement une priorité. La thématique n’avait même pas été inclus initialement dans les OMD (les Objectifs du Millénaires pour le Développement) définis en 2002 à Johannesburg à l’occasion de la Conférence Rio+10. Et au rythme actuel de construction d’infrastructures, environ un demi-milliard de personnes devront attendre une autre décennie avant d’obtenir ce service de base, soutient la directrice de WaterAid, Barbara Frost.

Pourquoi ? Interviewé par Radio France International (RFI), le directeur exécutif du CICODEV, le Sénégalais Amadou Kanouté dénonce de arbitrages purement politiciens :

« Les politiques d’assainissement ne les intéressent pas, tout simplement parce que ça n’est pas visible, parce que ce sont des tuyaux enfouis sous terre. Ce qui les intéresse ce sont des monuments, des routes parce que ça peut rapporter gros en termes de dividendes politiques lors des élections ».

Face à cette réalité, des efforts on certes déjà été faits, des fonds débloqués. Depuis 1990, 1,8 milliards de personnes auraient vu leur accès à l’assainissement s’améliorer et le nombre de personnes n’ayant accès à aucun sanitaire a été réduit de 272 millions, comme l’a déjà souligné Mark Neo, représentant de l’ONU à Singapour. Malgré ceci, il y aura encore au moins 936 millions de personnes n’ayant accès à aucun sanitaire en 2015.

Un impact non négligeable sur la croissance
Emma Pfister, de l’ONG Water for People, estime que le simple fait de débloquer des fonds ne suffit pas.

« Nous devons changer la façon dont l’aide est dépensée, et tenir les agences des Nations Unies, les ONG et les gouvernements redevables de leur travail » afin de s’assurer que ces solutions « aient un impact durable ».

Au final, le manque d’infrastructures d’assainissement engendre des milliards de dollars de dépenses qui auraient pu être évitées. Une étude de la Banque mondiale datée de 2010 a par exemple montré que le manque d’assainissement en Inde coûte 53,8 milliards de dollars chaque année, soit 6% du Produit National Brut (PNB) du pays.

La même étude concluait que des sanitaires inadaptés coûtent en moyenne 1,5% de leur PIB aux pays. Cet argument économique, ajouté à l’indéniable question sociétale soulevée par l’accès aux latrines, sera-t-il suffisant pour influencer des choix avant tout politiques ? Réponse dans quelques dizaines d’années.

Souce: http://www.latribune.fr

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