La campagne Stand for her land (Debout pour sa terre) a été lancée hier par l’Alliance nationale femme et foncier, en partenariat avec l’Ong Landesa. Le projet est un plaidoyer pour l’accès des femmes au foncier au Sénégal, en Ouganda et en Ethiopie.
Par Khady SONKO – L’Alliance nationale femme et foncier (Anff) gérée par la CICODEV Afrique, en partenariat avec l’Ong Landesa, a lancé hier la campagne Stand for her land (S4hl) (Debout pour sa terre). Ce projet international est un plaidoyer pour résoudre les problèmes communs et urgents au Sénégal, en Ouganda et en Ethiopie, sur l’accès des femmes au foncier.
«Cette campagne est une forme d’appui à l’Etat, pour lui permettre de se projeter sur le Pse. On ne peut pas parler de transformation structurelle, de développement économique et de croissance, sans que les deux leviers des communautés que sont les hommes et les femmes, ne puissent accéder à la terre», a déclaré Ndèye Safiétou Diop au nom de l’Etat du Sénégal. La chargée du genre au ministère de l’Elevage et des productions animales affirme l’ouverture de l’Etat aux Ong, à travers ses structures et démembrements ministériels.
Le projet va intervenir particulièrement pour réduire le gap entre l’ordonnancement juridique et la réalité sur le terrain. «La Constitution 2016 du Sénégal édicte de manière claire que les hommes et les femmes sont égaux dans l’accès aux ressources naturelles. Mais autant le cadre normatif est en faveur de l’accès et du contrôle des femmes au foncier et aux ressources naturelles, autant les pratiques à la base sont différentes», déplore Amadou Kanouté. Le directeur exécutif de Cicodev Afrique, par ailleurs coordonnateur de l’Anff, revient sur l’objectif du projet S4hl pour les cinq prochaines années : «Pouvoir réduire au maximum ce gap entre l’ordonnancement juridique et les pratiques sur le terrain.»
Les pesanteurs sociales, culturelles, religieuses ainsi que les contraintes économiques et l’ignorance dans certains cas, plombent encore les efforts consentis dans ce combat au niveau de certaines localités, afin que la femme puisse hériter ou posséder de la terre.
Il s’agit pour le S4hl d’amenuiser ces difficultés à travers la sensibilisation, l’information mais aussi discuter avec les leaders d’opinions pour ensemble vulgariser les lois sénégalaises qui édictent l’égalité entre l’homme et la femme dans l’accès aux ressources naturelles.
Le plaidoyer ira aussi aux institutions financières qui peuvent appuyer les femmes pour leur permettre d’exploiter la terre.
Depuis 2018, l’Anff mène le combat pour l’accès et la sécurisation du foncier par les femmes. Même s’il reste beaucoup à faire, des résultats sont obtenus progressivement au fil des années. «L’Association des juristes du Sénégal a réussi à faire délibérer quelque 200 affectations de terre à des femmes et des groupements, il y a 20 ans, c’était quelque chose qui était inimaginable», bénit le directeur exécutif de Cicodev.
Enda Pronat s’engage auprès des femmes pour aider à rétablir la justice sociale et l’égalité. «Le combat se mène aussi avec la formation, l’information et le renforcement de capacité des femmes», a soutenu Marième Sow, qui nourrit de l’espoir au Sénégal. Avoir la terre est une chose, mais pouvoir la mettre en valeur en est une autre. «Stand for her land» est par conséquent beaucoup attendu pour soutenir davantage les femmes dans ce combat de leur accès au foncier. La représentante de l’Ong, Berthe Robert, a souligné le caractère mondial de ce problème.
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