Résolument engagé dans une politique de souveraineté alimentaire pour faire face aux changements climatiques et autres chocs exogènes (conflit russo-ukrainien, Covid-19), l’État du Sénégal gagnerait à miser sur l’agroécologie. C’est du moins l’avis de la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES) qui a fait face à la presse, ce vendredi 3 février, en prélude à la 4e édition des Journées de l’agroécologie qui se tiendront du 6 au 16 février 2023 sur l’étendue du territoire, sous le thème « Territorialisation de l’agroécologie ».
Créé en 2019, le réseau, qui regroupe 66 organisations gravitant autour du secteur agricole, porte le plaidoyer pour le retour à une agriculture plus respectueuse d’un environnement en profonde mutation. « Nous sommes dans un monde et nous devons nous adapter. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de transition agroécologique sans penser aux producteurs locaux et autres organisations paysannes. Le PSE-vert, élaboré par l’État du Sénégal, n’est rien d’autre que ce que nous prônons et sommes en train de faire à travers l’agroécologie. Donc, l’État doit nous accompagner pour qu’on puisse produire plus et mieux sans agresser l’environnement. L’objectif est de nourrir les Sénégalais avec des produits sains », a déclaré Sidy Ba, représentant des producteurs agricoles.
Une position que partage Amadou Kanouté, Directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la Citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV). « Nous sommes à l’ère des changements climatiques qui ont comme impact la baisse de 40 % de la production alimentaire, si on n’arrive pas à contenir le réchauffement climatique à un maximum de 2 degrés d’ici 2050. Pendant ce temps, la population va augmenter de 50 %, d’ici à 2050 », souligne-t-il.
L’une des solutions pour renverser ces prédictions alarmistes, c’est l’agroécologie. En ce sens qu’elle favorise la mise en commun de l’agriculture, de l’arboriculture (aider les arbres à pousser), de l’élevage, d’une bonne maîtrise de l’eau, de l’utilisation de phénomènes naturels (le soleil, l’air, le vent…).
« La science dit que l’une des manières de contenir ce réchauffement, c’est de créer des puits de carbone. Ce qui est possible avec l’arboriculture que l’agroécologie promeut. Par la photosynthèse, les arbres attirent les gaz et nous redonnent de l’oxygène. Au finish, l’agroécologie permet de régénérer les sols, capter les gaz et favoriser une meilleure productivité », poursuit-il.
La DyTAES est convaincue qu’une agriculture saine, productive et qui fait fi des mauvaises pratiques (utilisation des pesticides, des OGM…) qui dégradent les terres, est bien possible. Mais pour y arriver, il faudra que les décideurs revoient leur copie par rapport à la gestion du foncier, à l’utilisation du fumier organique et par rapport à la planification des activités que les exploitations familiales doivent exécuter.
« La question de la semence occupe une place centrale. Les types de semence qu’on utilisait ont tendance à disparaître. Le maïs qu’on avait au temps était bon, sucré, mais maintenant, il est devenu fade, parce qu’on utilise les engrais », constate Sidy Ba.
Autant de questions qui alimenteront les débats dans les panels et tables rondes au menu des Journées de l’agroécologie.
Source SENEWEB du 3 février 2023